• Qu’est-ce qu’ils font là ? Je me force à ouvrir de nouveau un œil, puis l’autre. Ils sont toujours là. Le nain qui tient le couteau me détaille de ses petits yeux ronds, chafouins, dans lesquels je décèle une pointe de peur, mais où la curiosité et la satisfaction de me tenir à sa merci dominent. L’arme, qu’il garde pointée sur moi, est composée d’une garde en métal ouvragée. Deux tentacules s’enroulent autour du manche, et maintiennent une lame translucide en place, qui semble faite de diamant. Fascinée, j’observe les reflets de la lumière sur la pierre effilée, mortellement sinistre. Je frissonnai. Je tentais de me redresser, afin d’avoir une vue plus élargie des alentours, mais le petit homme m’en empêcha, rapprochant l’arme de ma gorge.

    « Qui es-tu et d’où viens-tu ? Es-tu « quelque chose » ? sont les premiers mots qu’il m’adresse.

    - Ce serait plutôt à moi de vous poser la question, non ?  m’écriè  -je, nullement impressionnée par son ton glacial.

    - Tu es sur notre territoire, et le Conseil des Anciens nous a prévenus que « quelque chose » était passé. Il s’agit apparemment de toi. Donc, d’où viens-tu, qui es-tu, et que fais-tu là ? Serais-tu une démone ?

    - Une démone, moi ?! »

    Je n’en reviens pas ! Un nain tout droit sorti d’un conte de fée et me menaçant avec une dague digne d’un livre de fantaisie me demande si je suis une démone ?? C’en était trop. J’éclate d’un rire nerveux qui prend le groupe de petits hommes au dépourvu. Ils me regardent d’un air surpris puis dégainent des sortes d’arbalètes qu’ils pointent sur moi, déterminés à m’abattre si jamais l’idée saugrenue de m’attaquer à eux me traverserait l’esprit. Je cesse de rire. Mais qu’est-ce qu’ils ont, à la fin ? Un des nains s’approche avec une corde et un bout de tissu. Il me contourne et entreprend de me bander les yeux avant de me ligoter fermement. Je me laisse faire, bien que je trouve toutes ces précautions bien inutiles.

    Le chef de la bande m’annonce qu’ils vont m’emmener dans leur grotte, où le Grand Veilleur décidera ce qu’il faut faire de moi. Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ? Où suis-je exactement ? Et mes parents, mes frères, que leur est-il arrivé ? En proie à une sourde inquiétude, je suis néanmoins celui qui semble être le chef de la bande. Peut-être que leur Grand Veilleur saura m’expliquer la situation.

     

    Désolée pour le fait qu'il soit si court, je bloque un peu, ces temps-ci, je manque d'idées. Donc, si quelque chose vous vient à l'esprit, n'hésitez pas à m'en faire part, please! Voilà, merci d'avance. :D


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  • Malgré cela, un événement s’est produit la nuit dernière... Une porte a été ouverte entre les deux Bords, et quelque chose _ou quelqu’un _ est passé. C’est pourquoi je t’ai révélé cela aujourd’hui. Je pense qu’il y a un lien entre le passage de cette « chose » et ton arrivée parmi nous ; il est très peu probable que ce soit une simple coïncidence... Qu’en penses-tu ? » L’aveugle regardait exactement dans sa direction, comme s’il le voyait. Troublé, le jeune homme détourna le regard. Ce qu’il en pensait ? Bonne question. Un élément qui avait peut-être échappé au chef lui sauta alors aux yeux : « Vous dites que cette chose est passée dans notre monde... Dans ce cas, pouvez-vous la localiser ? Si elle est dangereuse, il vaudrait mieux ne pas la laisser en liberté, et la capturer avant qu’elle ne fasse de dégâts. Si elle ne l’est pas, il nous serait tout de même utile de savoir pourquoi et comment elle a réussi à passer. »

    Le chef des Herbiers resta un moment immobile, le scrutant en lissant sa longue barbe blanche d’un air pensif. Puis, soudainement, il éclata de rire. Aster sursauta tandis que le rire grave et mélodieux du petit homme emplissait la grotte, ricochait sur les murs, et revenait vers eux déformé, comme si d’autres personnes riaient avec lui. Lorsqu’il cessa de rire, il déclara : « Mon garçon, c’est ce que nous allons faire. La « chose » a été localisée prêt du lac, je vais envoyer quelques Herbiers en reconnaissance et tu vas les accompagner. D’accord ?

    _Oui, bien sûr, répondit Aster, curieux de savoir ce qu’était cette « chose » au bout du compte. »

     

     

    Noir. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit lorsque mon cerveau sort des brumes de l’inconscience. Puis je sens quelque chose d’humide sous moi. C’est de la terre gorgée d’eau. Un frisson me parcours, je suis trempée. Qu’est-ce qui m’a pris de... De quoi, déjà ? Je me concentre, secouant mes pensées comme un chien qui s’ébroue lorsqu’il sort de l’eau. Ca y est, ça me revient. La nuit, la forêt, le lac, ma marche dans l’obscurité, l’histoire que j’ai raconté à mes petits frères et qui m’avait parue si étrange... Et puis les images qui avaient défilé derrière mes paupières closes, lorsque j’étais entrée en contact avec le lac. J’avais senti une présence à mes côtés à ce moment là, d’une puissance immense, incroyable. Et ensuite ? L’image du garçon. Pourquoi m’avait-elle ébranlée ? Un oiseau pousse une trille, tout près. Mes parents vont se demander où je suis passée, il faut que je rentre. Mais je n’ai pas envie d’ouvrir les yeux, pas encore. Les rayons du soleil me chatouillent les doigts de pied, remontent mes jambes, mon ventre, mes bras, mon torse. Progressivement, une douce chaleur se répand dans mon corps engourdi. Je me sens bien. Le frottement des pattes d’un animal sur l’herbe me pousse à ouvrir les yeux... Et à les refermer aussitôt en retenant un cri de stupeur. Un cercle de petits hommes m’entoure, menaçant, et l’un d’eux tient une dague à quelques centimètres de mon visage.

     

    Il est très court, mais je vais le rallonger un peu. :)


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  • Il regarda autour de lui les Herbiers qui se remettaient debout et palabraient joyeusement en se dirigeant vers leurs Nãtons (Brin d’herbe lui avait révélé  qu’ils appelaient les niches encastrées dans la paroi de la grotte ainsi). La petite fille, qui n’avait toujours pas lâché sa main, le tirait vers la tanière du chef, devant laquelle celui-ci semblait l’attendre. Le jeune homme jeta un regard à Brin d’Herbe, incertain, et le petit homme lui adressa un sourire d’encouragement. Aster suivit l’enfant et le vieillard les précéda dans son antre. Comme la première fois, le chef l’invita à prendre place dans l’un des deux fauteuils qui encombraient la petite pièce, la fillette sur ses genoux. Son ventre grogna lorsqu’il vit les corbeilles de fruits encore luisants de la rosée du matin, de l’eau et des espèces de galettes comme celles que sa mère faisait cuire les jours de fêtes et dont il raffolait. A l’évocation de sa mère, un voile de tristesse tomba sur ses yeux couleur de jade. Elle lui manquait. Sentant le désarroi du garçon, l’aveugle lui proposa de prendre son petit-déjeuner en sa compagnie, ce qu’Aster accepta avec empressement. Ils mangèrent en silence, savourant chaque bouchée de nourriture. Le chef prit ensuite la parole, lui demanda s’il avait bien dormi et ce qu’il avait pensé du Shin. A cette évocation, le jeune homme resta un long moment silencieux, tentant de démêler la pelote de sentiments qu’était devenu son cœur. Il avait l’impression d’être entré par effraction dans un endroit occulte où il n’aurait jamais du aller, et d’avoir dérobé des secrets gardés depuis longtemps à l’abri. Une porte s’était ouverte en lui. Quelque chose qui sommeillait depuis longtemps dans le recoin le plus reculé de son âme s’éveillait, le plongeant dans un profond désarroi, celui que l’on ressent toujours devant l’inconnu.

     

    Cependant, si cette chose n’était plus inactive, elle demeurait insaisissable. Il décida de ne pas y penser pour l’instant et de se concentrer sur la question du chef. Est-ce que l’aveugle avait « vu » la même chose que lui ? En était-il de même pour les autres Herbiers ? Le jeune homme hésitait à se dévoiler. Si le vieux chef n’avait pas partagé le même rêve qu’Aster, comment allait-il réagir ? Malgré tout, la curiosité fut la plus forte et Aster décrivit sa vision à son auditeur, n’omettant que la jeune fille aux yeux verts.

    Le bonhomme l’écouta en silence, hochant de temps en temps la tête d’un air entendu. Il expliqua à Aster que ce qu’il avait vu avait été partagé par tout ceux qui faisaient partie de la chaine. Intrigué, le jeune homme voulait en savoir plus sur les animaux qu’il avait vus. Le chef hésita un instant avant de répondre.

     

    « En vérité, ces images que tu as vues sont celles d’un autre monde, parallèle au nôtre. Les deux se noment les deux Bords. Ils sont liés, l’un ne peut exister sans l’autre, mais ne doivent jamais se rencontrer, car la soif de pouvoir des habitants de l’autre monde, les Terre-à-terre, risquerait de tous nous faire disparaître. Pourtant, il existe un moyen d’observer l’autre monde : le Shin. Il s’agit d’une sorte d’immense réseau de toutes les pensées, toutes les images, toutes les données possibles et imaginables dans lequel nous pouvons voyager en esprit. Mais ce n’est pas sans danger pour une personne sans expérience. C’est pourquoi nous le faisons toujours en groupe, de sorte que les plus aguerris guide les autres, les enfants la plupart du temps. Ainsi, nous entretenons un contact avec cet autre monde. Et nous le surveillons. Notre but est d’empêcher toute collision, afin de préserver l’équilibre fragile qui ne peut exister que si l’autre monde ignore notre existence. La plupart des Herbiers ignorent tout ceci. Pour eux, le Shin n’est qu’une vision agréable. Seul le Conseil des Anciens est au courant. Il est constitué des quinze plus vieux Herbiers, et je suis le seizième. Tout comme moi, ils surveillent nuit et jour l’activité du Shin. En quelque sorte, nous sommes les gardiens du passage entre les deux Bords. »

     

    Ecrit à la vitesse lumière, on va voir si ça vous plaît. J'attends vos commentaires avec impatience! :D

    J'ai rallongé un peu ce chapitre, avec quelques indices de plus sur la suite! ^^

     


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  • Aster fut tiré de ses rêves par Brin d’Herbe qui le secouait énergiquement. Le petit homme lui expliqua patiemment que le chef l’invitait à participer au Shin, un exercice de réveil pratiqué chaque matin par le Peuple pour saluer le soleil levant et la journée qui commençait. Après, chacun retournait vaquer à ses activités habituelles. Participer au Shin avec le Peuple était un immense honneur, et son refus serait considéré comme une offense et un manquement aux codes de politesse par les Herbiers, précisa-t-il en le regardant avec insistance. L’esprit encore embrumé par un reste de sommeil, Aster accepta de suivre Brin d’Herbe et ils rejoignirent le reste des Herbiers rassemblés dans la grande salle, ou un timide rayon de soleil se réverbérait sur la poche d’eau et éclairait l’assistance. Le jeune homme fut surpris de voir des enfants déjà levés et ne manifestant aucun signe de fatigue. Ils paraissaient plutôt excités, et il en repéra plusieurs qui lui jetaient de temps en temps des regards furtifs pleins de curiosité. Après quelques minutes d’attente, le silence se fit et le chef entra dans la grotte. Comme la fois précédente, les Herbiers se mirent à psalmodier son nom avec ferveur. Aster comprit alors qu’ils considéraient leur chef comme un être surnaturel, invulnérable. Cette idée lui semblait incongrue, mais il se garda bien de donner son opinion. Le chef leva le bras, réclamant un silence aussitôt obtenu. Il sauta au bas du rocher sur lequel il se tenait avec une agilité surprenante pour son âge et s’assit en croisant les jambes. Le Peuple fit de même, en se donnant la main pour former une longue chaine vivante incroyablement silencieuse. Aster hésitait à se joindre à eux. Comme si elle avait senti son désarroi, une petite fille ouvrit les yeux et les planta dans ceux du jeune homme. Un calme impressionnant émanait de son frêle petit être. Il ne pouvait détacher son regard de ces deux lacs couleur azur qui le transperçait comme deux flèches. Une timide voix d’enfant résonna dans l’esprit du jeune Caverneux et il comprit que c’était celle de la petite fille. Elle lui enjoignait de les rejoindre, et Aster s’intégra parmi les Herbiers, fermant à son tour les yeux. Aussitôt, un bruissement de sons et de sensations l’emplit. Il vit une immensité d’eau transparente dans laquelle sautait un animal qui ressemblait à un très gros poisson gris sans écailles, un oiseau étrange et coloré qu’il n’avait jamais vu se poser sur une branche en poussant un cri rauque, le museau fin d’un animal au pelage roux se faufilant entre deux fougères. La dernière image qu’il vit le troubla profondément. Une jeune fille brune aux yeux émeraude le dévisageait. Son regard débordant d’incompréhension l’atteignit en plein cœur. Puis l’image devint floue et disparu tandis qu’Aster sortait de sa léthargie en même temps que le Peuple. La première chose qu’il senti lorsqu’il revint à lui fut la chaleur de la main minuscule de la petite fille aux yeux azurs dans la sienne.

    A suivre! ;)


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  • Une fois mes frères endormis, je me glissai sous mes draps et éteignait la lumière. Je pensais trouver rapidement le sommeil. Après tout, nous avions passé la journée à marcher et s’occuper seule de Malo et Mathéo était toujours une activité épuisante, mais peine perdue! Le sommeil me fuyait comme un mulot fui une chouette qui le poursuit. Quelque chose me turlupinait, et je savais quoi. Je voulais en avoir le cœur net. Sans bruit, je me levais et enfilais mes vêtements, posés sur une chaise. Après hésitation, je me décidais à enfiler une veste chaude. Si les journées en montagne pouvaient être d’une chaleur impitoyable, les nuits se révélaient la plupart du temps glaciales. J’ouvris la porte de la chambre et sortis sur le perron. L’air froid me frappa de plein fouet. Je frissonnais. La nuit,  complète et noire, enveloppait la bâtisse tel une couverture, étouffant tout les bruits. J’avais cessé d’avoir peur du noir à 4 ans. Pourtant, devant ce mur de silence opaque, une peur ancestrale qui sommeillait depuis un temps infini au fond de mon être se réveilla. L’instinct, celui grâce auquel mes aïeuls survivaient il y a des millions d’années face aux bêtes féroces, à la famine et aux autres dangers qui les menaçaient, cet instinct me criait de retourner dans ma chambre, dans mon lit, et d’y rester. L’espace d’un instant, cette peur me submergea et je fis quelques pas en arrière.

    Pourtant, un autre sentiment m’empêchait de reculer encore. Je voulais savoir. Savoir si au contact du lac je pourrais faire resurgir les images. Dans la chambre j’avais raconté, certes, mais je n’étais pas arrivée à retrouver cette sensation d’être la spectatrice de cette histoire qui avait pris une envergure sans limite. Je ne savais pas comment elle allait se terminer, mais je savais que si je recommençais à raconter, les mots qui se pressaient dans un coin de ma tête sortiraient à flot et je perdrais de nouveau le contrôle. J’avais de plus en plus de mal à trouver la frontière entre l’imaginaire et la réalité. C’est cette curiosité qui me poussa à avancer de nouveau vers le mur d’obscurité et à me couler dans la nuit _non sans avoir pris une lampe de poche_. J’ai marché pendant ce qui m’a paru un temps infini, sursautant à chaque bruit, avant de sortir du couvert des arbres et de me retrouver face au miroir lisse du lac, sur lequel se reflétait la pleine lune. Pendant un instant, ma vision se troublait. Une impression de déjà-vu me tenaillait. Mais où? Quand avais-je déjà vu ce paysage? Des montagnes et leurs écharpes de brumes entourant un lac... La solution surgit. L’histoire! L’arrivée d’Aster au lac! C’était cela! Je me redressai et avançai avec prudence vers l’eau. Je ne résistais pas longtemps à l’envie de plonger mes pieds dans l’eau fraiche.

    Malgré le froid, je quittai mes bottes et franchissais les quelques mètres qui me séparaient du lac. Un frisson me parcouru lorsque ma peau entra en contact avec l’onde glacée. Un sentiment étrange m’envahit alors, des images me traversaient par dizaines, je voyais un poisson filer sous l’eau, un roseau se balancer dans le vent, mes narines s’emplissait d’un mélange d’odeurs enivrantes, c’était la mémoire du lac et j’avais le sentiment de l’avoir toujours su. A cet instant, j’étais la mémoire du lac, j’étais le lac. Je me sentais chez moi, en sécurité. Soudain, le débit d’image ralentit avant de se fixer sur celle d’un garçon brun aux yeux verts comme les miens en train de fixer le lac avec insistance... De me fixer avec insistance. Son regard intense m’atteignit en plein cœur. C’était un regard perdu, désespéré d’avoir été abandonné par les siens. Ce garçon avait besoin d’aide. Je ressentais sa souffrance comme si c’était la mienne et je brûlais de voler à son secours. Mais comment? Tout ce que je pouvais faire était regarder. Mon impuissance me mis dans une rage folle et je souhaitais de toute mon âme de pouvoir le rejoindre. Alors, je me sentis basculer tout doucement dans une torpeur étourdissante tandis que l’image s’effaçait. Et je perdais connaissance.

    A suivre! ;)


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